Pauvre enfant. Il a un regard étrange, ses paupières tombent sur des yeux vides. Elle n’arrive pas, même en le fixant, à savoir où il regarde. Drôle de pantin si maigre dont les bras pendent. Il semble exister à demi seulement. Que peut-elle pour lui, aujourd’hui ? Il lui répond à peine.
Pauvre enfant. Tous s’écartent autour de lui et se campent quelque part entre le mépris et la peur. C’est vrai, il est brutal et colérique. Il est brutal parce qu’il leur crache sa solitude au visage, parce qu’il n’a que ça à donner. Il est brutal parce qu’il ignore le parfum de la tendresse. Et quand il tire les cheveux qui le dédaignent, quand il envoie son sac dans des jambes indifférentes, il supplie qu’on veuille bien l’aimer.
Pauvre enfant né sans amour. Pauvre fruit du malheur. Sa mère au regard dur ne peut supporter l’existence de ce fils au teint vert. Il ressemble tant à son père. C’est un enfant-prison qui a fermé la geôle de sa mère, en naissant. Ô violence infinie.
Et elle, vaine poupée compatissante, face à ses yeux éteints, elle mesure son impuissance. Vertige. Elle a le ventre labouré quand elle se penche sur ce vide tremblant, cet abysse de solitude qui se révolte mal. Mais elle n’y peut rien. Elle n’arrive pas à l’aimer, elle non plus.
Quel texte poignant ! Le manque d’amour est la plus terrible des souffrance. Merci pour ce beau partage !
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Merci à vous pour votre retour.
Effectivement, l’absence d’amour maternel notamment semble anéantir toute possibilité du bonheur.
Il est terrible aussi d’être le témoin impuissant de ces abysses de solitude.
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