Je n’écris plus. Je n’écris depuis longtemps, depuis plusieurs semaines. Je n’arrive même plus à comprendre comment, avant, j’ai pu écrire. Avec quels mots ? Pourquoi ? Et surtout : quand ?
Le temps de ces derniers mois est compact comme un bloc de béton, inamovible, solide et dur. Parfois, quelque chose se met à tourner en moi-même, quelque chose que je voudrais laisser monter, grandir, s’écrire. Mais à peine ce mouvement intérieur est-il amorcé qu’il faut déjà poursuivre l’histoire que je lis à mes filles, le repas du soir, la douche, le tas inépuisé – et inépuisable sans doute- des corrections, la réunion de l’association de parents d’élèves, un trajet en voiture, une discussion nécessaire. Je reporte l’écriture. Encore une tâche et puis… mais non, il y a encore le ménage et le monde que l’on attend pour le déjeuner, le frigo qui crie famine !
Vraiment, comment ai-je fait avant, pour écrire ? Et même, avant l’écriture, quand ai-je eu, un jour, l’occasion de laisser monter, émerger, affleurer, des mots ? Parfois, même s’il est si tard et que le sommeil me gagne, je prends mon carnet, mon stylo. Je l’ouvre. J’essaye quelques phrases. C’est vide, c’est creux. Rien n’a eu le temps que de me traverser. Je n’ai plus d’espace libre à l’intérieur de moi pour fabriquer le moindre texte, la moindre phrase, le moindre vers. Mon corps s’est récemment rappelé à mon bon souvenir : il faut ralentir le rythme, redonner à mes jours l’élasticité nécessaire, la souplesse vitale. Je cherche, depuis cette nuit difficile, à renoncer. Il faut bien renoncer à quelque chose pour que l’emploi du temps soit tenable, non ? Je crois que oui. Que beaucoup de gens le font et qu’ils sont sages de le faire. Mes amies en parlent. Elles ont des priorités. Elles abandonnent ce qui leur est possible de supprimer. Elles me font la leçon et elles ont raison : peut-être n’est-il pas possible d’être professeur à temps plus que plein, perfectionniste de surcroît, mère de deux petites filles, amatrice de danse, de sport, de lecture, d’entretenir des liens amicaux serrés avec des gens très aimés et souvent lointains, de ne pas oublier son amour et son amoureux, ni la famille autour, ni le ménage, ni l’équilibre et la qualité des repas, ni la vie du village et la petite école qui a besoin d’énergie et d’engagement pour vivre, ni…
Bref, il doit falloir choisir. J’en suis incapable. Renoncer m’est trop douloureux. Je pense à Antigone qui dit « Je veux tout, tout de suite – et que ce soit entier – ou alors je refuse ! ». Je pense à Antigone et je comprends mieux pourquoi je la comprends de façon si aiguë. Ce n’est pas pour sa révolte et son courage. C’est pour son désir impossible d’une vie où l’on n’aurait à renoncer à rien, à aucun moment. Peut-être que si Antigone avait vieilli, elle aurait atteint l’épuisement, à force vouloir tout, et tout à la fois.
A l’heure où j’écris ces lignes, je repousse la correction des brevets blancs à demain, en prenant le risque de journées de travail (notons : je suis officiellement en vacances et l’on attend de moi une disponibilité accrue, dans tous les domaines. J’ai tellement de chance d’être prof et d’avoir tant de congés, etc…) encore plus longues et pénibles. D’une certaine façon, ce soir, je choisis d’écrire. Est-ce un début de progrès ? Ou est-ce encore une façon de continuer à accumuler les exigences que j’ai pour moi-même et l’assouvissement de désirs qui m’apparaissent comme des besoins ? Je ne sais pas. Et je ne sais pas non plus si j’écris vraiment ce soir. Je crains de ne faire que me déverser sur la page.
Je disais hier à une amie qui supposait que la faculté de traduire ses émotions à l’écrit devait être la source d’un grand bonheur, que je me sentais devant mon cahier comme un manchot qui tenterait de tricoter. Écrire me semble quelque chose je n’ai jamais su faire, que je ne saurai jamais. Pourtant, il est vrai que je me souviens de quelques bonheurs, toujours fugaces, liés à l’écriture de certaines lignes, et d’une intensité telle qu’ ils me poussent sans doute, malgré mon sentiment d’incapacité, à saisir encore mon cahier, avant de m’endormir, écroulée de fatigue, le cahier en question serré dans les mains.
Ce soir, puisque je ne peux parler de rien – je veux dire, vraiment parler – j’essaye du moins de renouer un peu avec les mots en évoquant, comme d’un trait à peine posé sur du papier à dessin, ces minuscules événements qui surgissent souvent et se meuvent ensuite confusément en moi-même. Je n’en peux rien faire, rien dire, mais en dresser la liste me rappelle simplement que je vis :
- L’insolence des coucous dressés jaunes sur les talus du printemps
- Le rire de Camille, sans la moindre fissure
- Le ventre rond de mon amie, et son enfant qui, déjà, fait croître le pré fleuri de mon amour
- Les maisons vues d’avion qui ressemblent à des champignons s’étalant sur le tronc de la terre, et les camions alignés comme les planchettes d’un jeu de construction
- Vus d’avion, les hommes invisibles, dérisoires, et la laideur prétentieuse de celui qui mâche son chewing-gum à côté de moi, croyant tenir le monde entre ses mains alors que ce n’est qu’une tablette électronique
- L’épaisseur et la variété du ciel
- La mélancolie qui m’étreint quand je serre les deux petits corps si parfaits de mes filles et que je pense qu’elles grandiront et qu’un jour, mes bras ne seront plus suffisants pour les tenir toutes entières
- L’éclatement blanc des cerisiers, soleils généreux dans les collines ; et les petites fleurs des aubépines au bord des routes
- L’imperfection de l’amour, comme une épine
- Ce vieil homme, seul dans sa cuisine d’un autre temps, tout le temps, et le ridicule de mes soucis
- Une bibliothèque qui ferme en même temps qu’un centre commercial étale son opulence creuse, et laide
- Cet élève, dont l’étrangeté ne s’épuise pas avec les années – mais moi si
- Le grand saule de dimanche, ses larmes vertes et douces caressant notre joie
- Chagall, que j’aime tant que je n’en peux rien dire. Pourquoi est-ce toujours ainsi ?
- Le poème d’Aragon pour le groupe de Missak Manouchian que je dis plusieurs fois par an à mes élèves, et qui me fait pleurer à chaque fois
- La vie, comme une pelote de laine à dévider. A démêler ?
Sublime.
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Oh… merci😮😊
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Eh bien ce soir tu écris… et même si tu ne le sais pas encore c’est la continuité de qui tu es…
Bises Clémentine !
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Merci Laurence! Je me sens tellement éparpillée, cela me rassure qu’il y ait peut-être un peu de cohérence dans tout ça…
Bises à toi😉
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je pourrais parler longuement de cette incapacité soudaine de ne plus écrire qui nous ébranle, déstabilise, ampute une part de nous… mais bon, ça serait long… par contre je peux faire court pour dire que renoncer, non… surtout pas ! 🙂
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🙂😉
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L’absence d’écriture comme une amputation. Oui, justement, j’y songeais…
C’est ça.
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Bon jour,
Un article qui sort comme un fleuve de son lit et qui emporte tout.
Il faut faire des choix ou on se condamne à une part d’inutile …
Max-Louis
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Il faut mais pour choisir il faut savoir/pouvoir le faire…accepter de renoncer. Ce n’est pas donné à tous …
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C’est vrai … et j’ai un peu de difficulté à comprendre cette impossibilité d’effectuer des choix … cela reste pour moi un mystère …
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Pour moi, le fait d’accepter de renoncer sans souffrir est aussi un mystère que j’aimerais résoudre!
Attention, je n’ai aucun problème pour choisir une une glace à la fraise et une autre à la vanille, hein!😉
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Ce n’est pas très grave, de ne pas écrire, Clémentine, tu le sais. Entre vivre et écrire, le choix est vite fait. Mieux vaut vivre ce bonheur avec tes filles que l’écrire. Mieux vaut aimer qu’écrire.
Et si en plus tu peux écrire, nous en serons ravis.
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Oui, vivre avant Tout. Mais sans écrire, j’ai l’impression d’abandonner quelque chose de moi. Renoncer, toujours, telle est la question!
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Je comprends évidemment ta frustration. Le renoncement dont il s’agit n’est probablement que temporaire.
…Mais sur le fond, il y a certainement une nécessité ontologique au renoncement : nous sommes des êtres limités…
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Oui Aldor, tu as raison: nous sommes des êtres limités. C’est peut-être au fond cette idée contre laquelle je m’agite vainement: je présume toujours de ma capacité à tout faire, Tout entreprendre.
Mais mon désir (quoique démesuré, sans doute) est quand même limité : il y a des domaines auxquels je n’ai pas à renoncer parce qu’ils ne m’intéressent pas du tout. Ce qui m’intéresse, voire ce dont je n’accepte pas de me priver suffit à déborder du temps dont je dispose, et à le remplir de façon douloureuse – le rythme des journées devient intenable – et malgré tout frustrante (puisque Tout n’est pas rentré).
Je te rejoins: je suis parfaitement déraisonnable et difficile à raisonner. Peut-être ai-je peur que devenant ainsi, la vie devienne plus facile et (donc?) plus fade…
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Je te comprends tout à fait ! Dur de faire des choix, de ne pas reporter ce qui peut être perçu comme secondaire, mais qui est tellement important…! As-tu déjà essayé de t’instaurer des moments fixes balisés dans la semaine ?
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Certains moments sont fixés par la force des choses : beaucoup des choses relevant de la nécessité, et quelques plaisirs ( les cours de danse par exemple). Tout le reste essaye de se faufiler dans les minuscules interstices restants… effectivement ce qui paraît secondaire à d’autres me semble aussi vital que le reste: tel est le problème 😉
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Je t’apporte toute ma compassion!
Belle fin de journée à toi !
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Merci! Mais je ne veux pas avoir l’air de me plaindre (je me rends compte que c’est un peu raté…), parce qu’en vrai,j’ai juste la chance d’avoir une belle vie bien remplie!
😉
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Je comprends bien ! C’est génial d’avoir sa vie bien remplie, mais je te comprends tout à fait, car sans avoir autant d’activités, je ne me sens pas bien quand je n’arrive pas à caser ma lecture ! Alors bien sûr, ce n’est pas grave, mais, mais… 😉
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Je souhaite vous laisser un commentaire pour vous indiquer que je ne sais pas quoi vous dire… 😉
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😂😂😂😉
Joli écho!
Merci pour votre humour!
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Depuis plusieurs mois, je souffre du même mal que vous, Clémentine – même si nous n’avons pas du tout la même vie…
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Mince Andréa. J’espère que vous en guérirez et retrouvez le bonheur d’écrire et nous, celui de vous lire.
Je ne sais ce qui nous exclut comme cela des mots. Laurence l’évoque aussi, cette incapacité douloureuse….
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Les commentaires sont aussi riches que votre texte !
Je vais laisser infuser tout cela ! Peut-être en sortira-t-il quelque chose de consistant…
😉
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Mais oui, les commentaires sont plus intéressants que le propos de départ, je suis d’accord! C’est la richesse des blogs.
Et je suis sûre que ce qui viendra sous votre plume sera consistant, et plein d’esprit et d’humour!
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Mais tu écris, tout le temps, si je te lis bien ! Pas sur du papier, ou sur écran, certes… mais tu écris une vie, la tienne, et sur tant de supports sensibles : le corps de tes filles, la peau d’un ventres, le bleu du ciel, la surface étrange d’un élève… Tu laisses ta trace. Et sans la résistance que le manque de temps t’oppose, peut-être les mots – dépouillés de cet « ennemi » à abattre- te feraient défaut ou perdraient de la vigueur et de l’intensité qui est la leur ?
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Oui, je vois ce que tu veux dire. Sans doute est-ce ce bien après cette intensité (de la vie et des mots) que je cours, que c’est cela que je désire. Seulement, cette position n’est peut-être pas tenable, et l’épuisement n’est plus seulement pour moi (comme il l’a longtemps été) un risque théorique… Enfin, à force de tout compresser dans un temps perçu comme toujours trop court, m’échappe le temps de penser, ou plutôt de laisser monter les pensées, et ce temps est celui qui donne à la vie son élasticité, son souffle, et qui rend, malgré tout, l’écriture possible (en ce qui me concerne, bien sûr). Je n’écris plus depuis que le rythme de ma vie a pris une allure encore plus soutenue qu’auparavant – sans que j’identifie la cause de cette accélération, d’ailleurs.
Tu vois, je veux tout: l’intensité absolue pour ma vie, et du vide malgré tout, du vide à rêver. Et si vivre, c’est déjà écrire, alors j’écris si vite que je ne sais si on pourra me relire (petit smiley mort de rire, et un autre dubitatif !)
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Si la vie, comme tu le dis si bien est élastique, le temps lui -en dépit du discours ambiant qui nous serine qu’il suffirait d’être organisé pour en avoir…- ne l’est pas. Injonction paradoxale, qui ne peut se résoudre que par un/des choix consistant à …renoncer 🙂 Choisir, c’est renoncer, tu le disais toi-même en t’en sentant incapable (ce que je ne comprends que trop bien^^). Mais tu vois, dans renoncer, nous sommes nombreux – et je l’étais !- à entendre dans ce mot « déclin, baisse d’intensité, appauvrissement. Je n’ai pas de clés ni de réponses toutes faites, mais mon expérience récente qui – depuis mon burn out- m’a obligée à ne rien faire parce que mon corps ne suivait plus m’a démontré le contraire à tous points de vue. Plus ma vie devient vide d’obligations, plus elle gagne en densité. Curieux paradoxe… mais qui comme tu le dis, laisse remonter pensées et écrits à la surface. Le fait que mes enfants grandissent et deviennent plus autonomes y contribue, aussi. Ce que tu vis actuellement est une frustration que connaissent bien des mères (et que j’ai bien connu moi aussi…), mais cette accumulation est aussi un substrat fertile… pour plus tard, quand ton temps libéré te permettra d’écrire… sur papier ^^ En attendant, la rareté de tes publications est compensée par leur densité 🙂 C’est bon, d’attendre de te lire, aussi !
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🙂 merci de Tout ce que tu dis.
Une amie romancière dit comme Toi que l’enfance de nos enfants est la période la plus chargée mais aussi la plus dense, la plus fertile de la vie. Elle dit que lorsque les enfants grandissent, les souvenirs de cette periode demeurent un terreau riche pour l’écriture et pour le bonheur intime et silencieux.
Je vous crois toutes les deux et vos mots me rassurent. Et puis, Je ne veux pas non plus vivre ces années sans voir leur beauté, dans une plainte continuelle.
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C’est beau, cette idée de bonheur intime et silencieux. En dépit de quelques cahots, je le touche du doigt depuis quelque temps. Tu peux être rassurée 🙂 Dans l’intervalle, vis sans trop de questions, tu es au cœur du vivant… il te restera ensuite bien assez de temps pour t’en souvenir et le célébrer.
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Le bonheur intime et silencieux… je suis heureuse de savoir que tu le touches et je crois que moi aussi je l’approche, parfois, fugacement, quand je songe à ceux que j’aime, notamment, ou face à la nature, ou enveloppée de souvenirs. Oui, vivre sans trop de questions… mais la réflexivité me semble être une des conditions du bonheur: pour être heureux, il faut avoir conscience de sa joie. Ecrire demeure un formidable moyen d’accéder à la joie: je veux dire qu’écrire nous invite, même et surtout en dehors du temps de l’écriture, à regarder le monde, vraiment, à le goûter. J’espère pouvoir écrire encore un peu, rien que garder les yeux et le cœur ouverts.
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C’est vrai, ce que tu dis de la réflexivité … sans doute prônais-Je le fait de ne pas se torturer la cervelle parce que chez moi, tout passe par la sensation avant de se transformer en questions 🙂 Et je partage ô combien le fait que l’écriture nous invite à regarder le monde.
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C’est exactement ce que dit Esther.
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Je comprends bien ce que vous voulez dire, sages et clairvoyants que vous êtes tous les deux 😉
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Comme je comprends ce que tu écris, je jongle constamment entre deux enfants (une petite fille de 5 ans et un petit garçon de 14 mois), mon boulot de traductrice à mon compte (donc toujours à la maison et donc plus ou moins disponible pour tout…), toutes les contraintes liées à la vie de famille, et puis il y a le reste que je case où je peux ou pas… Et je ne veux renoncer à rien : passer du temps avec mes enfants, travailler, prendre du temps pour mon couple, prendre du temps pour moi… Je me rends compte que les périodes où j’ai l’impression d’être submergée sont celles où je ne prends plus le temps soit d’écrire soit de lire, comme s’il me manquait quelque chose de vital. Alors je m’oblige à ouvrir un livre ou une page Word et j’ai l’impression de revenir à un équilibre même si le reste en pâtit un peu…
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Oui, alors nous nous comprenons bien. L’écriture et la lecture sont, par leur absence, les symptômes que l’équilibre est perdu. Et comme tu le dis, écrire, c’est toujours du temps volé à autre chose. Toujours.
Cela me réconforte de ne pas me savoir seule dans cette situation, dans cette impression.
Je voudrais tant écrire sur Chagall. Le sujet que tu nous donnes est sublime, merci. Pas sûre d’y arriver (j’enrage!)
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Pour réussir à écrire, il me faut toujours avoir eu assez de temps pour y réfléchir au préalable (souvent le soir juste avant de m’endormir), jusqu’à ce qu’il devienne impérieux de poser les mots. J’espère que tu réussiras à t’accorder ce temps 🙂
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ouis (avec un s, parce que je suis lâchement d’accord avec tous les commentaires précédents:) )
écrire, c’est du vol, dis tu ? comme le feu volé par Prométhée ? alors c’est une reprise, une réappropriation, une avancée (mais c’est un peu trop joli et aimablement cultivé pour ne pas être douteux) ; ou bien est-ce l’inverse : le reste du monde qui nous pique les instants sainement égoistes ousqu’on se roule en boule. (mais là, c’est égotiste comme de manger tuot seul un gateau au chocolat)
ou bien ça n’est pas ça du tout. écrire, comme faire à manger, jouer avec les autres ou regarder tomber la pluie, c’est vivre. Une facette parmi toutes les autres. (là, c’est zen, et ça ne résout rien 🙂 )
bref, te voilà bien avancée avec ce long commentaire (comment-taire, dirait -l’autre) qui ne dit pas grand chose d’utile. 🙂
alors, foin de lamentation, hop, Chagall, en 50 mots, sur la rage d’écrire Chagall !
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Ah ah! Heureusement que tu es là, toi 😉 parce qu’écrire c’est un peu comme un gâteau au chocolat c’est vrai: pour le déguster, il faut d’abord le confectionner. Et il est toujours meilleur quand il est partagé (avec vous tous je veux dire!) Et puis tu as raison, j’arrête de pleurnicher et je corrige mes brevets blancs et je garde Chagall en tête avec la rage d’écrire qui lui va bien! Merci mon cher paresseux qu’a toujours le mot qu’il faut où qu’il faut!
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Outre la réponse que j’ai voulue courte exprès, je compatis et votre texte est très bien écrit. Vous avez de nombreuses petites pensées intéressantes en fin de l’article que vois auriez moyen d’exploiter, de développer.
Bonne journée
Paul
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Merci à vous!
La liste est comme une liste d’embryons de textes. Il me faudra un peu de temps pour m’y pencher, et la plume plus collaborative que ces dernières semaines😉
Bonne journée à vous aussi, et à bientôt.
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Tu as besoin de temps pour toi et tu dois le prendre sinon tu n’auras plus rien à donner à ceux que tu aimes, pas plus qu’à l’écriture. L’été et les vacances arrivent je suis sûre que tu trouveras du temps et de la force pour écrire un merveilleux texte comme celui où ta fille s’attardait sur un chemin de randonnée, j’avais adoré ce petit bijou:)
Un conseil, laisse déjà tomber le ménage, la poussière ne t’en voudra pas 😉
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J’ai déjà essayé d’oublier le ménage, et je le laisse régulièrement attendre, mais je n’aime pas ça. J’aime ma maison propre et rangée (sinon ce serait plus simple!)
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Cela me fait vraiment plaisir que tu te souviennes de ce texte sur ma Camille!
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Je crois qu’il ne faut pas prendre à la légère ce tarissement de l’écriture qui est peut être Côme tu l’écris un symptôme d’épuisement. Sans doute faudrait -il arriver à se traiter soi-même avec beaucoup de douceur. et ne pas négliger ce qu’on appelle l’épuisement maternel… Beaucoup de femmes-mères le traversent seules, en plus en culpabilisant puisque, vue de l’extérieur, elles ont tout pour être heureuse…
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Tu as raison: ne plus écrire est signe que quelque chose s’est rompu et que la respiration des journée est entamée. J’ai quand même l’intention d’essayer de ralentir le rythme! Quand à la culpabilité, je crois que c’est notre couronne d’épines…
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Ton texte est comme un miroir pour moi et me touche beaucoup
Le temps à trouver pour écrire nous file entre les doigts et ce n’est pas dû à l’âge des enfants (les miens sont grands 16 et 11 ans mais j’écrivais plus quand ils avaient 3 et 7 ans finalement)
Sur ce je retourne à la rédaction de l’étude de cas « contrôle budgétaire » pour mes étudiants 🙂
Bisessss
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Chère Valentyne, je crois que nous sommes nombreux dans ce cas… comment faire autrement?telle est la question!
Bon courage pour ton travail, et puis j’imagine qu’avoir des ados à la maison n’est pas non plus de tout repos…
Bises à toi😉
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L’écriture demande beaucoup de temps, du temps de repos et de rêverie, et puis de la solitude silencieuse … c’est en tout cas mon expérience. Quand il m’est arrivé de mener une vie trépidante, tournée vers l’extérieur, j’ai arrêté d’écrire parce que ça ne venait plus. Mais j’ai repris l’écriture quelques années après, parce que c’était vital. Le temps permet de faire apparaître ce qui manque vraiment, je crois.
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Oui, il faut du temps. Du temps à rêver, du tout pour qu’émergent les idées, les mots, les images. Comme vous, je me sens bloquée quand le rythme de ma vie est trop soutenu. Mais paradoxalement, une vie remplie est aussi un terreau fertile pour l’écriture….
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Oui, il faut sans doute chercher un équilibre entre ces différentes contraintes …
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Le doute, le temps qui fuit, la vie qui va, … et l’écriture, intermittente ou obsédante, pour ne pas mourir.
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oui… exactement. Merci beaucoup d’être passé par là!
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En feuilletant mon propre blog, je retrouve cette réflexion, comme un écho …
https://asimon.eu/blog/reflexions/le-sens-du-silence/
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Un bon résumé de ce que je peux ressentir en ce moment. J’ai les mots, et pourtant ils refusent de se tracer sous ma plume. L’encre semble comme asséchée et pourtant .. Je n’écris plus, les mots sont là, je peux les voir distinctement .. et je n’arrive pas à faire que vous puissiez les lire.. Merci pour vos mots continuez donc,j’aime vous lire.
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Oui, c’est un état très inconfortable et frustrant. J’espère que vous en sortirez, et moi aussi…
Cela me touche beaucoup que vous aimiez me lire, mais je ne suis pas sûre d’arriver à poursuivre…
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Ce texte m’avait échappé… J’aime beaucoup la façon dont tu dis les choses, franchement, simplement, honnêtement.
Je sais que dans ta situation je serais incapable d’écrire, alors j’admire que tu aies pu tenir ce blog jusqu’ici. Je ne touche plus à mon projet de roman depuis des mois. Je ne panique pas non plus, je respire plus profondément et entre ds une sorte de silence où il s’agit de réserver ses forces. Tu récriras. Quant à Antigone, qui a si longtemps vécu dans ma peau, je lui ai demandé de s’asseoir sur cette marche, là, et d’apprendre à patienter. Pas à renoncer. Pendant que tu es penchée sur tes copies ou que tu fais la vaisselle, les collines autour te soutiennent.
Je n’ai pas oublié pr les carmélites. J’ai tenté deux debuts de réponse mais qui n’allaient pas. Ca finira par venir.
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Je dirais aussi qu’une fois tout déposé autour de nous, une fois l’inventaire fait de nos devoirs, de nos aspirations, de nos soifs, une seule chose compte, qui donne vie à tout le reste et notamment à l’écriture (dans mon expérience du moins), et c’est l’amour. C’est la seule racine à préserver.
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Oui, ô combien. C’est ce qui motive tout le reste. C’est le point central et rayonnant de nos vies. Et même les tâches les plus ingrates ont-elles d’autre but, au fond?
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Sainte Therese de Lisieux – puisque nous parlons carmélites – parle de ramasser ses épingles avec amour. Je pense souvent à cela.
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Oui, je comprends cela, je le comprends profondément. Je vais garder cette phrase dans un tiroir intérieur pour les jours où l’économie domestique me semblera un fardeau trop lourd. Je crois l’amour change la couleur de nos actes et de nos vies.
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Merci pour ta lecture, merci de me laisser ce message. Ton Antigone patiente. Voilà le verbe juste. Le verbe renoncer porte en lui l’idée que la privation sera définitive. Je me dis aussi qu’il y a un équilibre à trouver. Avoir écrit ce texte m’aide un peu à y voir plus clair. J’essaye d’être moins perfectionniste. L’écriture se glisse à nouveau, de-ci, de-là, dans les franges de mes journées. C’est plutôt bon signe. Et tu as raison, Quyên, les collines sont le plus doux des remparts contre l’effondrement. Je sais que tu n’oublies pas les carmélites, et je sais que tes journées sont remplies aussi et que la question est vraiment compliquée. Je patiente, ne t’inquiète pas 😉
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Renoncer, choisir… Je me reconnais tellement dans cette difficulté d’avoir du temps car on veut vivre trop de choses à fond. Tout comme toi, je suis une prof passionnée. Je pourrais passer ma journée à préparer mes cours mais aussi à lire, à plonger dans le monde de mes enfants, à profiter des gens que j’aime, … Gare au burn-out 😉
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Oui, c’est le danger… Mais depuis ce texte, je m’applique à ralentir le rythme. Comme quoi, écrire est une thérapie! Bises, chère collègue, et bienvenue ici!
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Je relis ce texte un an plus tard, il me parle et me plaît beaucoup. Je n’arrive pas à écrire non plus. Ni même à lire vraiment. Mais patience. Quel dommage que la vie soit si courte.
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Oui la vie est trop courte, il y tant à découvrir. Enfin, être modeste et savoir trouver de la profondeur au peu que l’on peut faire est sans doute l’ultime sagesse…
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Je repasse par ici, 3 ans plus tard. J’aime toujours ce beau texte. 🙂
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(Il faudrait que je le relise!) Aujourd’hui je pourrais écrire un texte avec le titre suivant: « je n’écris plus DU TOUT DU TOUT (à part des dissert’). »
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J’ai écrit un peu pendant ces vacances et maintenant que je suis à un jour de la rentrée je panique parce qu’il me reste des tas de corrections, et je n’ai pas préparé de nouveau cours, etc etc. Hélas, on ne peut vraiment pas tout avoir, comme tu le disais dans les commentaires…
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Oh, mais si tu as écrit, aucun regret! (Regrets par contre de n’avoir le temps de te lire – faut que je rattaque Rousseau… ) Je me souviens de soirées passées à écrire, et de cours… un peu improvisés le lendemain. Courage, courage… je suis totalement solidaire (moi aussi je commence juste maintenant la prépa pour la période: Cyrano en 4eme, Orwell en 3e. Hem, je vais faire comme Cyrano « à l’improvisade », mais je n’aurai pas son panache, malheureusement.)
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Oh… Cyrano et Orwell… je ne les ai jamais étudiés en classe, comme ca me plairait ! Courage à toi pour les dissertes et les cours… Tenons bon.
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J’ai attaqué cette semaine. Je crois que les élèves aiment bien. Cyrano est au programme de l’agreg: je fais d’une pierre, deux coups!
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