Dans le dernier numéro de Traction-Brabant (n°80), la revue dirigée par Patrice Maltaverne, est publié un poème de Chloé Landriot qui commence ainsi:
« Cet instant est un poème.
Ce que je pourrais en dire ne serait qu’un lointain aperçu de tout ce qu’il contient.
Je me fais la réflexion que pour une fois, c’est moi qui suis venue rejoindre la chatte. Je me suis accoudée à la fenêtre ouverte où elle m’a précédée pour regarder tomber la pluie.
Les gouttes épaisses sont sans violence: à l’oreille, je sais que cette pluie est bonne. Je pense au jardin. Je suis tranquille.
Quelque chose se fait sans moi. (…) »
Ce poème est si beau qu’il mérite que l’on commande ce numéro pour le lire en entier, avec un autre poème de Chloé qui s’appelle « Où la mort est l’horizon ».
Parfois la littérature est une porte qui s’ouvre sur l’inconnu, parfois c’est un miroir où l’on se reconnait si intimement que la voix du poète donne corps et chair à celle toute engourdie qui demeure en soi. Réveillée soudain à la lecture de ce texte, cette voix en moi a voulu formuler cette façon si douce de recevoir un poème, pour dire merci, simplement.
Je voudrais écrire un poème au poème de Chloé.
Nous avons des instants qui se ressemblent, épais des mêmes ciels et du bruit des enfants.
J’entends comme en écho, la beauté.
Nos chats peut-être se regardent de lointaine fenêtre à lointaine fenêtre.
Je voudrais écrire un poème au poème de Chloé, écrire son écume qui mousse mon silence. Je voudrais effeuiller- infiniment – sa pluie d’encre qui n’est pas mienne mais si proche si proche de mes ruissellements secrets.
Je laisse sa voix rousse se promener longtemps au mur de mes pensées, et la première étoile entre ses derniers mots, demeure.