Si j’étais toi, disait-elle et ses yeux roulaient
Et ses cheveux étaient noirs et fous sous la tente,
Au fond de la grande fête aux illusions
Données pour quelques sous aux enfants éblouis.
Éboulis de la ville et tristes macadams
S’éclipsaient sous les cieux roses et faux des forains
Âpres à gagner les deniers sonnant l’oubli
Qu’ils savaient vendre et moi, j’écoutais la diseuse
De ma bonne aventure, sous la tente baignée
De l’ombre des mystères et des étoffes rouges
Où couraient à l’envi des fils d’or et de feu.
Si j’étais toi, disait-elle et ses yeux roulaient
Et ses cheveux étaient noirs et fous sous la tente.
Des dix conseils qu’elle me donna je n’ai gardé
Que l’odeur de l’encens et mes rêves pendus
A ses longs doigts qui m’ont tendu comme un présent
Sacré la fausse étoile aux cheveux blonds privés
De vent. Et la carte vieillit dans un tiroir,
Écornée de mémoire et patinée d’enfance.
Écrit pour l’agenda ironique de janvier, organisée par Victorhugotte, au delà de l’océan.
Si J’étais toi, devait dire l’arcane dix-sept. La mienne ne dit pas grand chose que des souvenirs.