Grâce à Quyên qui nous avait fait connaître la poésie de son amie Chloé Landriot sur Frogsblog, plusieurs joies (Merci!):
Un Récit, Polder n°174, publié par la Revue Décharge, illustré par An Sé

qui m’a d’abord transportée parce qu’une onde lumineuse y fait sa route et que le monde entier est raconté! si, si! Mais Quyên le présente si bien que je me tais, cliquez donc ici,
Puis
Vingt-Sept degré d’amour, publié chez Le Citron Gare, illustré par Chloé et sa mère, Joëlle Pardanaud

dont je ne saurais que vous dire sinon qu’il faut le lire, le lire encore car c’est si beau, si féminin, si juste, si délicat, si neuf et pourtant c’est Nerval et puis Verlaine et peut-être aussi Apollinaire, Eluard (j’espère) qui se sont donnés rendez-vous pour saluer cette voix-là, toute fraîche, sans détour- pas une ombre, non, c’est de l’eau. Lisez vraiment car jamais rien n ‘y pèse qu’un coeur comme une plume lestée seulement par la vérité. L’amour est le point cardinal, sous toutes ses couleurs: la poétesse y est amie, fille, mère et épouse toute présente aux autres. Une présence intime, fragile, véritable, singulière, sincère.
Voici deux courts extraits des poèmes de l’amoureuse qui, particulièrement, m’émeuvent:
« L’un pour l’autre nous sommes
Merveille
Cette étrange présence
Qui ne s’habitue pas. »
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« J’avance encore à tes côtés
En tenant par la main
Cette chance imparfaite et boiteuse
Cette chance. »
Quant aux poèmes de l’amie, ils me parlent à un point… Magie de celles et ceux qui trouvent les mots pour dire ce qui vibre mystérieusement en chacun -en moi, en tout cas, je le sens. Voici celui qui me bouleverse, pour son atmosphère, et tant il dit la façon dont une amitié peut colorer l’instant, l’empreindre de nostalgie, mais aussi de bonheur.
Encore une pluie
Au mouvement des feuilles on reconnait d’abord
La pluie c’est une pluie sans goutte qui bruisse à peine
Derrière la fenêtre c’est le cœur chaud des arbres
Qui s’ouvre et qui délivre un parfum de terre fraîche
Bientôt des femmes courent pour retirer les draps
et je songe aux draps blancs qui sèchent dans un poème
De Heine qui s’appelle « Mon cœur », « Mon cœur est triste »
Mein Herz, mein Herz ist traurig il y a là
Des draps blancs qui sèchent sur l’herbe verte
Et Quyên m’avait demandé ce jour là
Pourquoi on mettait les draps dans l’herbe pour les faire blanchir
Je n’en savais rien mais sa seule question
Etait une preuve d’amour et une invitation à rire
Les cordes à linge sont vides il n’y a plus personne
Que les arbres qui tendent leurs feuilles assoiffées
Un poème de Heine et puis mon amitié
Et
une soirée de lecture à la Maison pour Tous, où j’ai découvert la voix délicate de Chloé – c’est elle qui avait organisé cette soirée- et celle aussi de Laurent Bouisset, sa colère et son ardeur à aimer la vie au point d’enrager de la voir s’abîmer de laideur, parfois. Il a écrit
Dévore L’attente , publié chez le Citron Gare, images d’Anabel Serna Montoya

Vraiment cela brûle, lisez-le, tant pis si cela brûle car l’attente est stupide.
Felipe
« Felipe, lui, s’en fout d’écrire ou de jouer,
Il voudrait que son père dise qu’il est né
Rien que ça, que son alcoolique de père
Quitte la cantina où il s’épuise
et le crache au soleil enfin, qu’il est bien là!
[…]
Je le vois déborder de gentillesse, ce gosse,
imaginez, c’est désarmant…
C’est pire que ça.
C’est du sel sur une plaie à vif,
de percevoir en lui tant d’innocence »
Il y avait aussi Patrice Maltaverne –éditeur de la revue Traction-Brabant– qui avait pris le train de pour venir, sa démarche est honnête et c’est la sienne, c’est admirable. Il propose à ces voix nouvelles, parce que seulement il les aime, une nouvelle voie. Cette voie c’est Le Citron Gare. Prenez votre billet, le voyage vaut la joie. Si vous voulez lire Chloé, ou Laurent, il faut passer commande: p.maltaverne@orange.fr
(Ces mots-là sont les miens mais ils sont pour eux tous, pour Laurent Bouisset, pour Chloé Landriot – pour sa voix jumelle)
Une voix jumelle
La salle était blanche c’était à la Maison Pour Tous
Un poète a dit pour tous en scandant les syllabes
Pour tous c’est un beau nom
Car c’est cela qui compte
Voilà ce qu’il a dit
Pour tous il l’a répété plusieurs fois
J’aimais l’écouter dire ces deux mots-là
Car les consonnes sonnaient lourdes de sa conscience
C’était une belle soirée
Très simple
Dans la salle blanche moi j’étais dans un coin
Petite
Je savourais le luxe de ne pas exister – presque pas
D’offrir mon oreille
De recevoir des mots que je n’avais pas eu à choisir
Et qui me parlaient
Peut-être sans me voir – quelle joie!
Je n’existais presque pas mais je me sentais vivre
Parce qu’il y avait une voix grave que j’aimais
Celle qui disait pour tous
Il y avait
Surtout
Une autre voix
Nouvelle et pourtant
Cette voix
Je la sentais jumelle