Sainte Foy l’Argentière, ce 05 février 2016
Ma bien chère et bien douce vieille couverture,
A quoi suis-je réduite ? Me voilà écrivant une lettre d’amour à une couverture ! Je n’écris cependant pas à la première venue, mais à toi, fidèle, décolorée, mitée, qui m’accueille et m’entoure chaleureusement tous les soirs depuis tant d’années. Ce n’est pas rien ! Et je sais que je peux compter sur toi, que tu me pardonnes quelques kilos en trop, une épilation un peu lointaine, et souvent, ma grande lassitude. Tu sais accueillir, sans dédain ni condescendance, mes rêves et mes réflexions, tu apaises mes craintes de tes caresses qui sentent l’assouplissant. Ah, ma bien vieille amie, tu as pour cela toute ma tendresse et une infinie reconnaissance. Peu de gens pourraient comprendre notre doux attachement. Tu mériterais vraiment, mon chiffon préféré, une grande et belle lettre d’amour. Mais vois-tu ce n’est pas l’objet de ma lettre. J’espère, quoique tu aies toute ma confiance, que par dépit, tu ne dévoileras pas les confidences que je vais te faire aux nombreuses créatures microscopiques que tu abrites généreusement et pour qui je ne sens, décidément, aucune sympathie.