Il faudra bientôt rallumer les calorifères

Les mots du soirs étaient:

Perséides – centaures – hirsute – anophèle – entonnoir – recaler – calorifère – Arlequin – jardinet – ciboulette

Nous sommes bien amusés, encore une fois!


 

Le secret du matin s’est évanoui plus vite que les perséides, caressant à peine sa tête hirsute. Il faudra bientôt rallumer les calorifères. Seule pensée assortie sourdement à la déception d’avoir manqué l’aube. Enfuies les rêveries de l’entre-deux mondes! Les centaures sont passés, Arlequin a eu le temps de s’effacer tout à fait. Il n’y a plus que le jour cru qu’il faudra boire, à l’entonnoir, si nécessaire!

Une anophèle l’agace, vague menace dans le silence de cette fin d’été. Elle regarde dehors. Le jardinet est jaune. Tout a grillé. Il faut dire qu’elle n’a fait que rêver, au lieu d’arroser, recalée qu’elle aurait été à l’examen de la bonne jardinière!

Elle se prend maintenant à regretter la pluie dont elle a oublié le goût et le bruit, comme les odeurs mêlées d’herbe mouillée, de menthe et de coriandre. Et la délicatesse des feuilles! Et la détermination de la ciboulette! Souvenirs de printemps avant le grand feu de juillet et d’août… Il est temps, finalement, que septembre revienne!

La sueur

Et le soleil

La maison change

Le mouvement est lent

Leurs voix

Rires

La bière

La métamorphose des pierres au prix de la sueur

 

Je regarde ces corps d’hommes que j’aime

L’eau de leurs jours s’embrase dans l’été

Ma maison est la leur ils la font

Ils offrent au morceau de colline

où nos vies se suspendent

l’avenir

 

Profite de ta sueur* disait le livre que je lisais

mais eux savent-ils?

Cette question à travers la fenêtre

alors

je cuisine  et j’abreuve  et je veille

donnant ma part

la sueur on la goûte est-ce cela l’amour qui perle sur la peau?

 

Les hommes dehors je les regarde

ils gardent le mystère de leur courage de leur fatigue

L’été seul sait bien ce qu’il y a aux entrailles des muscles

 

Je voudrais que ce mouvement soit lent encore jusqu’au repos

des corps

recommencer demain

 


*Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta

A vous qui êtes de tous les chantiers et dont la sueur étoile les liens qui nous attachent, merci…

Le cadeau des voisins

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Dans la caisse généreuse que vous tendez

Les fruits d’été gorgés d’eau et de terre nourrie

Des mains sans peur qui s’y plongent et la prient :

D’un lien très simple ils sont  les gages consacrés.

 

Offrande rouge foisonnante dans le seau bleu

Faite à nos corps bénis de soleil et de pluie,

Fraises vous colorez le monde comme un jeu

– Cache-cache sous les feuilles, secrets abris.

 

Pour le rouge et le blanc et le sucre fondant

Des desserts alanguis à l’ombre des tilleuls

Odes se font en chœur nos silences gourmands,

Tandis qu’abondamment se dressent les glaïeuls.