Je voudrais que tu saches

blême lueur maintenant

c’est l’aube

qui très doucement brûle

l’encens des rêveries, ces silhouettes – tu sais ?

dont le contour échappe, ces fleurs aux noms de nuit

poussées entre les branches

immenses

du désir

-je voudrais que tu saches –

dans le ciel trempé

dans les sentiers déserts, dans les champs qui reposent

sur les flancs un peu tristes de janvier sous la pluie

l’essence nocturne des secrets flotte

odorante et tenace

Doux parfum

A Caroline et Pierre-Luc

C’est dans l’hiver le sursaut de la lumière. Le camélia fleuri salue notre regard que le ciel impérieux, réclame.

Nous sommes à la fenêtre, les enfants se sont tous endormis .

Nous n’avons plus quinze ans. Cette pensée est neuve de la clarté de janvier, veloutée comme les fleurs roses invitées dans le cadre blanc qui nous verse au milieu du jardin.

La forêt n’est pas loin. Un espoir muet répand son doux parfum.

L’aube à peine avait levé le monde

L’aube à peine avait levé le monde.

Les premiers pas des enfants frôlaient doucement le silence.

L’air était encore tendre aux talons de la nuit.

Les murs de la maison avaient leur respiration grise.

Dans une chambre s’élevait, déjà, une tour faite de chuchotements.

 

Ne rien déranger et invisible demeurer l’étrangère de ce petit matin.

Ne rien perdre, surtout, ne rien perdre.

Et ployait pâle et frêle ma page sous le poids du désir.

 

Mais le ciel montait. Et tout était plus clair et plus net et la tour des enfants était tombée dans l’éclat de leurs voix.

L’aube mystère avait dans la lumière d’hiver emporté son poème.

Derrière la fenêtre

L’hiver me déserte en même temps que les mots

– A tout ce qui frémit que pourrais-je ajouter?

 

Je garde des grands froids nos trois haleines

Ensemble fleurissant la fenêtre

Et février fondait nous nous étions glissées

Dans les interstices du ciel

Nos cheveux se touchaient

Silencieux

Derrière la fenêtre

 

Mes filles étaient

Encore un peu

A moi

Patience

Patience Février

Nous allons sous ton long joug de pluie

Le cœur en crue

 

Patience pourtant patience

La neige donne

Parfois

Sa paix et son silence

Et son drap de dentelle

Sur les arbres sans feuille

 

Les vieilles maisons s’accrochent de leur halo

Bien jaune au flanc froid des collines

– Comme les pierres attendent !

 

Patience mes routes sont

Parfois

Traversées par le ciel

 

 

 

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(Photo n°3 de Valérie Duquesnes)

Eventails

La forêt ne cache plus rien maintenant

 

Le ciel d’hiver se glisse fade et doux

entre les branches nues

Et sans ombre

Qui se contentent d’être des lignes

Privées d’éclat d’or ou de nuit

 

Elles  s’offrent ouvertes en éventails

 

A

La lumière

Souveraine et tranquille

De décembre

Au cordeau de la nuit

Au cordeau de la nuit

J’ai suspendu un à un

Mes rêves

Sous un drap de pluie brune

 

Ils pendent

Brisés de solitude

Et raclent le bitume

Dans leur balancement

 

Au cordeau de la ville

S’embrasent les fenêtres

Officiant à la place

Du faux feu des étoiles

 

Et pendent en silence

Mes pauvres espérances