Je vous ai apporté

je vous ai apporté

des brassées de bois clairs, d’invisibles oiseaux

des plantes volontaires enlacées sans question

voici des galaxies entières

saupoudrées sur les châtaigniers

voici les demoiselles, caresses des talus,

demandant « poule ou coq ? » à ceux qui les écoutent

je vous offre un bouquet

un bouquet de fleurs-mots

cueillies après l’averse

dans le premier rayon

et leur éclat chuchote

comme un secret d’amour

prenez, prenez ce dernier vers

c’est un long ruban exhalant la terre chaude pour embrasser le monde

C’est un rêve

c’est un rêve

 

l’été  a brûlé les fenêtres

le basalte patiente

à côté de moi

 

ailleurs d’autres parlent

tranquilles

– comme si ce n’était pas la dernière fois!

 

dans la cuisine

des rayons fous apportent

le goût de la montagne chaude

 

je ne dis rien

je fais une salade immense

de lumière

 

c’est un rêve qui persiste

sous ma peau de pluie

c’est un rêve qui refuse

que je m’en aille

 

A nos petits matins

Pour E., mon amie qui rend les collines plus douces

La nuit pour le poème entrebâille sa porte et je sens se tracer, sur l’écran confus que les mots font encore à ne pas être écrits, la route entre les arbres au ventre des collines.

Nos voix dans les herbages, les ciels, les amours, tissent un fil de soie où se nouent nos questions.

Gracile comme toi, ton arbre au bord du pré, et libre et je te vois, et c’est l’aube plus douce qui poursuit le chemin.

Les virages réservent dans leur balancement des mystères touffus.

Nous ne connaissons pas tous les secrets. La beauté suffit à nos petits matins.

Soir

 

Je vais frôlant les ombres

Et courbe mes regards

A la rondeur du soir

 

Tandis que  dans l’air baigne

Bleu le silence des arbres

Il n’y a plus de bruit

Que pour moi

 

Dans ma main pèse dense

Un lingot de patience

 

Et quand mûre la terre pousse

Ses pétales de nuit

Mon souffle au ciel jardine

Le grand pré des étoiles

Résultat d’images pour collines nuit

Eventails

La forêt ne cache plus rien maintenant

 

Le ciel d’hiver se glisse fade et doux

entre les branches nues

Et sans ombre

Qui se contentent d’être des lignes

Privées d’éclat d’or ou de nuit

 

Elles  s’offrent ouvertes en éventails

 

A

La lumière

Souveraine et tranquille

De décembre

Disons

 

 

Disons

Disons l’enfant qui dort disons ses premiers mots

Disons demain comme un matin plein de jour clair

Notre passé trop lourd qui pourtant se délite

Et l’épine du temps et comme le sang coule

 

Disons les corps liés par le fil de la peau

L’amour

Et je veux aussi crier les colères

Ce qui palpite disons-le

 

Disons la terre noire dont les grains sont de l’or

Et puis la roche vive et les arbres tranquilles

L’air roussi de carbone il faut le dire aussi

Ne parlons pas disons

 

 

Puisque les mots sont l’eau distillée de nos jours

Puisque les mots sont un chemin une forêt notre avenir

Puisque les mots

Disons