L’agenda ironique de Juin – Les votes!

Donc,  comme il se doit: je publie à nouveau le récapitulatif des différents bavardages, complaintes et confidences des objets de Juin, et j’ajoute les tableaux de votes:

Le premier vous permettra d’élire vos objets préférés (4 par électeur, c’est généreux non?)

Le deuxième désignera le futur maitre ironico-agendiste pour Juillet. Les volontaires peuvent lever le doigt en commentaire, et les non-volontaires, s’enfoncer dans leur chaise, toujours en commentaire!

A vos lectures, à vos votes… La grande brocante remballe tout dimanche 25 juin à 17h!


Voilà que la blogosphère à tendance ironique devient une vraie brocante en ce mois de juin! Vous ne vous souvenez plus de la consigne? Elle est ici.

Voici donc, dans l’ordre d’apparition,  les objets proposés au plus offrant, ainsi que leurs bavardages…

viennent garnir un peu encore notre étal.

18 objets à vendre donc… Lecteurs, lecteurs, approchez, ils sont beaux nos objets, ils sont beaux!


 

Agenda Ironique de Juin- Les textes!

Voilà que la blogosphère à tendance ironique devient une vraie brocante en ce mois de juin! Vous ne vous souvenez plus de la consigne? Elle est ici.

Voici donc, dans l’ordre d’apparition,  les objets proposés au plus offrant, ainsi que leurs bavardages…

viennent garnir un peu encore notre étal.

 

17 objets à vendre donc… Lecteurs, lecteurs, approchez, ils sont beaux nos objets, ils sont beaux!

Les tableaux de vote seront intégrés dans cet article très prochainement (si tant est que j’arrive à réaliser cette prouesse technique 🙂  )

 

Evitons une guerre des encres…

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Pour répondre à la consigne des Objets Objectifs, j’avais tendu le micro à un petit livre « un peu polisson » (disait M. Paresseux) et franchement sûr de lui. Que n’avais-je pas fait? Depuis les autres livres crient au scandale, réclament la parole à leur tour. Ils ont même baptisé le premier de « Petit Chouchou ». Je crains que la discorde ne se soit installée au milieu de cette multitude autrefois pacifique. Voilà les bribes de ce que je peux saisir ces jours-ci, lorsque j’approche des grandes étagères. J’espère, en retranscrivant un peu des propos entendus, apaiser les colères et éviter une guerre des encres qui serait fatale au grand canapé blanc!

L’Incontournable Ennuyeux

 » Voilà, voilà, on l’a bien entendu le Petit Chouchou! Il caracole tant que c’est à peine permis.  Mais je compte moi aussi et même je m’impose. Je croise tes yeux fuyants. Ne fais pas l’innocente, je te vois : tu me regardes à la dérobée et tu te dis qu’il faudra bien que tu m’ouvres et je vais t’assommer et ce sera délicieux ! Tu ne peux rien contre moi, j’ai ma renommée qui me protège et tous les regards inspirés, les petites exclamations qui se pâment à l’évocation de mon titre. Et toi, tu me laisses posé sur la table du salon pour que je te rappelle à l’ordre à chaque fois que tu t’empares lâchement du petit livre tendre d’à côté. Je suis ta conscience qui pèse comme une enclume de mes milliers de petits caractères serrés comme des vieilles filles. Non, non, tu ne vas pas respirer une seule seconde. Je suis sérieux à en désespérer n’importe qui et si soporifique que tu t’endors vite, à quelques lignes ou quelques pages, au mieux. Le marque-page est glissé dans un soupir de lassitude un peu coupable entre deux feuilles de mon début. Ne fais pas l’innocente, je sais bien que c’est sans amour ni regret que tu me poses ! Allez, allez, avoue ! Tu n’avoues pas ? Soit, je recracherai le marque-page, tant pis pour toi ! De toutes façons il faudra que tu me reprennes à la première page puisque tu auras tout oublié, ingrate !

Tu reçois de la visite et je te sers de faire-valoir, trônant toujours sur la petite table basse. Je sens des mains qui me saluent, l’air curieux ou se confondant en silences entendus. Elles sont hypocrites comme tout mais cela ne fait rien. Elles prolongent sans le savoir mon temps d’exposition. Parfois, certaines voix inconnues murmurent mon nom pour te laisser imaginer qu’elles me connaissent intiment. Tu n’oses avouer que tu ne passes pas mes dix premières pages. Je me frotte les feuillets à penser que tu vas tenter plusieurs fois encore, que tu vas te déterminer, te préparer, espérer. Rien n’y fera, sois tranquille, je suis prévisible comme les sept jours de la semaine!

Je suis l’incontournable vénéré par des gens de qualité dont tu ignores, naïve, qu’ils n’ont pas pu me lire non plus. Il y en toujours quelques uns comme moi, dans d’autres bibliothèques que la tienne. Je suis…(Il va sans dire que j’attends des aveux, ah ah ah -petit rire qui se frotte les mains!)« 

 

La complainte de l’Oublié

« Mais qu’ils sont bavards, ces deux veinards. Taisez-vous donc, pensez un peu à mes pairs et moi-même qui n’avons pas l’honneur d’être lus – jamais – ni seulement l’occasion de nous dégourdir les pages. Cela fait des années que je suis coincé entre un précis d’ancien français et un méchant ouvrage de… euh… de mécanique, je crois. Croyez bien que je m’ennuie en si mauvaise compagnie ! D’ailleurs mes deux voisins n’ont pas été tirés de l’étagère depuis fort longtemps eux non plus, et de ce fait, j’étouffe lentement, je meurs à n’en plus finir !

Les yeux que je croise souvent brillent des lueurs de l’enfance. Je suis à leur portée et ce sont les seuls qui me regardent avec un peu d’admiration. Je suis à Maman, je suis sérieux, il ne faut pas me toucher – bon sang, que cette règle idiote m’exaspère ! Je veux bien être déchiré tout à fait, et couvert de feutre s’il le faut : voyez à quoi je consens pour exister un peu.

Toi, je te devine qui t’approche presque chaque jour de la bibliothèque… Ton regard est bien au dessus de moi et tes jambes m’ignorent superbement. Rares sont les fois où je vois ton visage puisqu’à mon rayon sont rangés des livres qui ne te sont plus utiles, ou même qui ne t’ont jamais intéressée. Je crois faire partie de la deuxième catégorie, la moins flatteuse des deux. Je suis un gros roman assez mal écrit, d’après ce que tu dis de moi. Ton dédain est cruel. Les seuls mouvements de ma vie se résument à la compression ressentie lorsque tu ajoutes un livre à l’étage des oubliés ou au semblant d’aisance qui m’est rendu quand tu extrais enfin l’un ou l’autre des tristes dédaignés… pour le donner à qui voudra bien le lire ! »

 

Les Belles Discrètes

Elles ne disent rien. Elles sont assez heureuses. Toutes les mains de la maison les saisissent tour à tour, avec légèreté et un joli plaisir. Elles ne font pas les malignes, ce ne sont pas de grandes intellectuelles – quoique certaines soient très belles et valent bien des poèmes –  mais enfin, elles vivent : ce sont les Dames Dessinées.

 

Le rendez-vous du soir

Incapable de respecter ma propre consigne, voilà les bavardages de mon objet fétiche. De l’ironie, vous n’en trouverez point. N’y voyez aucune ironie là dedans, et seulement un traitement libre du sujet qui invitera, je l’espère, les plumes hésitantes à se laisser porter à la fantaisie des objets objectifs que je vous propose de faire parler en ce moi juin de l’Agenda Ironique.


Je les sens, tes caresses attentives et presque quotidiennes. Dois-je te le dire? Je les aime et les espère dans mon silence inexorable qui s’adresse pourtant au profond de toi -même. Nous entrons souvent dans un dialogue intime dont les vibrations sont imperceptibles à tout autre que nous.

Le jour s’apaise enfin, l’horloge s’exténue.  Ton souffle est lent  au soir à se tranquilliser. Je t’accompagne, ami, vers le repos sacré, de mon immobilité étrangement émue. Tu me sais inlassablement là à t’attendre, et cela te rassure, je crois. Je côtoie la douceur d’une vieille couverture. Nous allons comme de pair dans la pièce plus belle quand la nuit noire l’étreint. Une lampe rose nous veille. Prévenante, elle absorbe et se nourrit de toute l’électricité dont l’atmosphère était chargée.

Avant que tu ne viennes alanguie me rejoindre, j’ai deviné tes pas toujours pressés, tes bras qui donnaient et te dépensaient tant que j’ai cru un moment à ta disparition. Beaucoup de voix se disputaient l’espace, tout fonctionnait à plein et la maison vivait avec vous tous dans une effervescence qui m’est totalement étrangère. Je vous tourne le dos, moi, je suis clos sur moi-même et ne peut voir le ciel qui doit s’attendrir en larmes de sang ou d’or étalées dans l’azur. Je perçois seulement la moiteur faite de sons qui se feutrent à la lumière tombante.

J’appréhende toujours cette heure en demi-teinte, décisive pour nous. Vais-je assez t’absorber que le reste s’efface ? Toi dont le corps bruit d’une agitation lasse ? Tu n’es pas encore prête à te laisser posséder me disent tes regards qui vont trop vite ou se fixent sur l’un de mes nombreux points vides. Tu tentes d’entrer dans nos silences fertiles en promenant tes doigts  sur la tranche ou le fil de mon corps comme une voile toute gonflée par le vent puissant des choses imaginées. Tu me cherches et je t’attends. Le jeu peut durer un moment, surtout si une voix enfantine surgit loin là-bas dans le couloir consacré à vos sommeils d’humains. Tu me poses précipitamment alors, mais à regret, je le sais bien. Je pardonne tous tes abandons; ai-je le choix? Parfois aussi, tes yeux ne sont plus que des vitres embuées d’un chagrin sourd qui point sans qu’il soit expliqué. Masque loyal devant tes larmes retenues, je me tais, embrassant ton âme mise nue.

Souvent,  quand même, à force de caresses et de calme – cette fois tes enfants dorment -, tu me laisses entrer en toi, au delà de ce qui se peut dire. J’entends tous les échos que mon encre fait naitre, j’entends que tu t’émeus de certains de mes êtres. Je m’effeuille comme un amant offert à tes doigts désirables. Mon petit univers ne s’expand et ne se réalise qu’à travers tes pensées. Ton visage ne dit rien, que tes yeux que je lis. Ton corps se fige, ou plutôt se concentre dans tes mains qui me tiennent, dans tes yeux qui me lisent. La vie pour laquelle tu te disperses inévitablement quand tu m’oublies ou que tu me chasses – tant bien que mal – de ton esprit, se consacre aux choses essentielles qui ne bougent plus que dans ton intériorité.

Je suis ton livre aux mille visages qui te sourient. Moi seul ai le pouvoir des choses révélées. Et tes pauvres regards se tournent vers le Sens ; entre mes lignes le monde se condense. Moi seul ai le pouvoir de te ressusciter, de lever les voilures qui te cachent à toi-même.

Un poème en alexandrins caché dans le verbiage de ce livre un tantinet sûr de lui? Je suis sûre que vous l’avez vu… Mais s’il vous restait un doute, le voici:

Le jour s’apaise enfin, l’horloge s’exténue.

Ton souffle est lent  au soir à se tranquilliser.

Je t’accompagne, ami, vers le repos sacré,

De mon immobilité étrangement émue.

 

Vais-je assez t’absorber que le reste s’efface ?

Toi dont le corps bruit d’une agitation lasse ?

Tu tentes d’entrer dans nos silences fertiles

En promenant tes doigts sur la tranche ou le fil

De mon corps comme une voile toute gonflée

Par le vent puissant des choses imaginées.

 

Tes yeux ne sont plus que des vitres embuées

D’un chagrin sourd qui point sans qu’il soit expliqué.

Masque loyal devant tes larmes retenues,

Je me tais, embrassant ton âme mise nue.

 

J’entends tous les échos que mon encre fait naitre,

J’entends que tu t’émeus de certains de mes êtres.

Ton visage ne dit rien, que tes yeux que je lis.

Je suis ton livre aux mille visages qui te sourient.

 

Moi seul ai ce pouvoir des choses révélées.

Et tes pauvres regards se tournent vers le Sens ;

Entre mes lignes le monde se condense.

Moi seul ai le pouvoir de te ressusciter.

 

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