Une histoire de sorcière… CHAPITRE 4

Voilà la suite des aventures de Vanessa! Je suis ouverte à toutes vos propositions pour le prochain chapitre! Et si ce petit roman devenait collaboratif? N’hésitez pas à m’envoyer vos idées!

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– CHAPITRE 4 –

En quelques heures, Vanessa s’était décidée à embrasser son destin et, surtout, il faut bien le dire, à sauver sa peau. Ainsi, les treize sorcières, penchées sur un vieux planisphère, tentaient d’élaborer une sombre stratégie pour répandre un temps record une étrange et fulgurante épidémie. Il s’agissait de semer le plus noir désespoir au fond de chaque être humain, et de provoquer ainsi le chaos le plus total.

Alors que les grincements de dents se faisaient de plus en plus gais, ou du moins, aussi gais que possible, la plus laide de toutes exigea brusquement que l’on affuble chaque être humain d’une difformité physique monstrueuse. Son intervention fit s’élever une violente dispute entre les vieilles femmes. Onze protestaient avec véhémence. Il était hors de question de s’écarter du plan de départ déjà suffisamment complexe à mettre en œuvre. Elles n’allaient pas risquer de tout compromettre pour ce genre de fantaisies inutiles !

Vanessa, qui observait cette scène en silence, sut très vite comment en tirer parti. En grande connaisseuse du théâtre, elle se rappela que semer la discorde avait souvent été un ressort utilisé par des valets rusés pour se tirer des situations les plus inextricables. Profitant que Vérutra, celle qui lisait dans les pensées, était trop occupée à se crêper le chignon avec Crochetine, elle échafauda une amorce de plan, qui, s’il ne la menait pas très loin, aurait au moins le mérite de lui redonner l’espoir de quitter cette cave franchement mal famée. Elle avait compris que Crochetine, toute vieille sorcière qu’elle était, avait deux vices particulièrement ridicules pour une personne de son état : la coquetterie et la jalousie. Elle souhaitait secrètement se venger sur la terre entière du visage hideux dont elle avait hérité à la naissance. Vanessa choisit de se ranger de son côté, afin d’envenimer le débat. Prenant une voix innocemment cruelle, elle interrompit la dispute, à la grande surprise de toutes :

« Crochetine a raison ! Ne soyons pas avares de mauvais tours ! La cruauté est un art, et franchement, s’il y a un moyen sûr de répandre le désespoir, c’est bien de distribuer à l’envi nez crochus, verrues, yeux globuleux, bosses et cheveux verts ! Imaginez, dit-elle en s’esclaffant, la tête de ces imbéciles, lorsqu’ils se regarderont dans le miroir, au réveil ! Avant que le chaos ne soit total, nous aurons déjà un beau sujet de rire ! »

Vanessa riait tant que ses congénères restèrent interdites devant un zèle si soudain. Elles jetèrent à Vérutra un coup d’œil interrogatif. Celle-ci ne put rien déceler d’autre que ce que la jeune sorcière laissait paraître, c’est-à-dire une hilarité irrépressible et communicative.

Un éclair sombre traversa le regard de la nouvelle recrue tandis que les rires éraillés montaient sous les voutes ancestrales. En quelques secondes, Vanessa avait découvert le goût du Mal. Et elle s’avoua qu’elle avait trouvé cela parfaitement délicieux. Oh, ce n’était pas grand-chose encore. Mais tout de même, elle avait senti un doux frisson, inconnu jusque là. Il y avait aussi, dans cette bouchée malicieuse, la saveur inédite du pouvoir. Elle se voyait désormais en savante, puissante et perfide Merteuil. Oh, que ce nouveau rôle l’enthousiasmait à présent !

Un morceau de lettre écrite par la mauvaise et divine Marquise lui revint :

« Cruauté, quel mot a autant de noblesse que celui-là ? »

Et alors que Vanessa se concentrait pour épouser au mieux les contours de cette fascinante héroïne, l’entente entre Crochetine et ses comparses se rétablit au milieu des rires. Sur l’impulsion de celle qui se nommait Vanita, il fut décidé qu’on trouverait le moyen de rendre tout le monde subitement laid. Leur mission était, certes, ardue et sérieuse, mais rien ne les empêchait de s’amuser un peu au passage. Le plan de départ de Vanessa avait échoué mais cela lui était désormais parfaitement égal. Son personnage tout neuf lui convenait à merveille et elle savoura de renouer avec tous les êtres de papier qui peuplaient son esprit depuis son plus jeune âge. La jeune femme regarda avec un œil nouveau ceux que des plumes savantes avaient fabriqués dans une matière toute noire de vice et de perfidie. Ils ne lui étaient plus tout à fait étrangers.

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