J’ai laissé mes élèves, tranquillement. Dans leurs « au revoir » joyeux, j’ai senti leur bienveillance. J’ai senti leur confiance, et, peut-être, aussi, leur gratitude. Pourtant, au fond, c’est moi, leur élève.
L’instant est chaud, couvé par le soleil de mars. Je vais retrouver mes filles. C’est le printemps de l’âme. J’entends déjà les cris heureux qui célèbreront nos retrouvailles. Que ces promesses de chaque jour sont douces ! Ce sont des boutons de fleurs, délicats et si beaux, juste avant l’éclosion.
Voilà dans le jardin de toutes neuves violettes. J’admire la générosité de mars. Ses filles parfumées sont autant d’offrandes faites à mon souvenir .Les tapis odorants de ces fleurs qui semblent à peine éveillées, encore ébouriffées par la nuit hivernale, ont, il y a quatre ans, donné un nom à ma fille qui naissait à l’heure du printemps.
Et dans cet instant chaud, éphémère mais profond, se dessinent les visages adorés. Je vois Camille, toute ronde et si gaie, disant et répétant un mot neuf du matin, qui roule dans sa bouche comme une gourmandise. Je vois aussi Violette arborant fièrement un gros cœur sur l’habit préféré et choisi avec soin. J’entends une nouvelle fois sa voix qui affirmait, il y a quelques temps :
« Moi, j’ai un gros cœur rouge parce que j’aime tout le monde : tous ceux que je connais et tous ceux que je ne connais pas. »
Ma chérie. Ton cœur, ton vrai cœur qui palpite et qui aime, est bien plus grand que celui que tu portes.
Je voudrais ne rien abîmer de ce printemps fleuri, mais je cueille deux violettes. Juste deux. Une pour chacune. Comment vous dire d’autre façon que tout remue en moi à l’idée de vous voir ?
J’imagine encore Camille examinant sa toute petite fleur, et de sa voix chantante, s’écrier un léger « Oh » sonnant comme un grelot. Elle la touchera, c’est sûr. Mais ce sera bien doucement, du bout de son doigt de poupée. Et Violette serrera la fleur comme un objet précieux. Elle y fera bien attention et voudra la mettre dans un vase. Au moment de la sieste, elle me réclamera le droit, pour s’endormir, d’avoir contre son cœur le cadeau de Maman.
Pour autant de bonheur, la nature peut bien donner deux de ses fleurs.
« Maman ! »
J’offre mes fleurs, un peu flétries déjà. Fin de la rêverie. Violette est ravie mais pressée de retourner finir un livre juste entamé. Elle abandonne la demoiselle des champs sur un coin de la table. Et Camille, gourmande, observe mon présent de ses beaux yeux brillants et ouvre grand la bouche pour goûter cette chose qui doit être un gâteau.
Précipitation, rires. La pauvre fleur a la même triste mine que mes rêves engloutis.
Je ris, bien sûr. Je ne suis pas déçue. Oh non, pas même un peu. Toutes occupées à vivre, vous venez de m’offrir le plus doux des moments. C’était l’instant d’avant.
Merci pour ce moment de bonheur,
Le printemps est à l honneur
J’aimeJ’aime
Un printemps bien honoré… 😉 ❤
J’aimeJ’aime
Plus que jamais c’est la saison de l’amour!
J’aimeJ’aime